
"Il faut garder en mémoire la couleur de sa blessure pour l'irradier au soleil"
disait Juliette Berto, et reprenait Jean Claude Izzo.
Chaque toile de Berbiguier est une blessure avec du soleil à l'intérieur.
Beaucoup disent :
Berbiguier peint la souffrance.
Les femmes sont bleuies.
Les hommes sont écrasés.
Le sang coule des prairies.
Les vieux et les enfants
avec la même tête lourde
ont des yeux hébétés à la laideur du monde.
On voit la douleur au travers
et la mort qui s'infiltre.
Berbiguier serait morbide.
A mettre dans un musée,
avec Bacon, Rustin et Bosch.
C'est faux.
Berbiguier est un donneur de vie.
Si Giacometti passait et repassait
ses lignes, ses hachures,
ses cercles, ses droites,
de son pinceau radiographique,
en quête de la tête réelle,
de l'impossible intériorité, Berbiguier fait l'inverse.
A son esquisse, mélodique, géométrie du vivant, (il est un grand dessinateur), il incorpore, contrapontique, des verts qui saignent, des bleus qui pleurent, des rouges qui hurlent.
Et si l'on voit au travers, c'est comme, derrière sa membrane, un foetus qui palpite.
C'est bien la vie qui tremble, pas la mort qui vient.
Pierre Baqué